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La Canardière forestière ou l'identité territoriale

20/11/2023

Écrit par Jean-Étienne Poirier, anthropologue/acériculteur et producteur de contenus

On développe aujourd’hui tout un ensemble de mots et de concepts nouveaux pour tenter d’éveiller notre sensibilité à l’environnement. Comme si, par le discours, on allait trouver le chemin qui mène au bon sens. 

On cherche quelque chose comme un slogan capable de nous mobiliser de manière raisonnable face aux enjeux liés aux impacts de notre mode de vie sur notre planète. Mais l’anthropologue que je suis, spécialiste des questions culturelles et sociales, est bien au fait que si nous étions des êtres rationnels et guidés par le bon sens, on le saurait depuis longtemps et on serait en mesure d’apprécier les fruits de cette prétendue rationalité.

En fait, il faut l’admettre humblement, nous sommes des êtres traversés par l’émotion, l’envie, la faim et le désir, guidés par les récits, les mythes et des rumeurs d’aventures que nous inspire notre simple présence sur une planète dont nous ne connaissons encore pas grand-chose

Afin de trouver une voie susceptible d’éveiller nos consciences en cette époque de bouleversements rapides, je vous propose de déguster une bière et d’emprunter un sentier de sensibilisation tout en saveurs.

C’est une idée que je cultive depuis un moment et qui s’est cristallisée dans mon esprit lors d’une expérience de brassage avec Antoine, Jean-Christophe et Francis, de la microbrasserie La Souche. J’ai eu l’honneur et le grand plaisir d’être invité à proposer des idées pour une version de la Canardière qui parlerait de mon lien avec La Souche dans le cadre du 10e anniversaire du pub de Limoilou. Dans ce contexte, plusieurs personnes, collaboratrices ou amies de La Souche, ont été invitées à brasser en petits lots des versions éclatées de cette West Coast IPA qu’est la délicieuse Canardière, du nom du chemin où est situé le premier pub de La Souche.

Mon lien avec La Souche, ou plutôt celui de ma famille, il est tissé de récoltes de pousses d’épinettes, de sapins, de fleurs d’épilobes, de pissenlits et de cerises à grappes. C’est un lien agroforestier huilé au sirop d’érable et consolidé par un amour du territoire partagé avec les fondateurs de La Souche, Antoine et Olivier, biologistes de formation. C’était donc tout naturel pour moi de vouloir mettre un peu de forêt dans la Canardière, cette urbaine qui avait déjà en elle un peu le goût d’un arbre résineux et la puissance aromatique d’un automne en forêt. Pour être bien franc, j’ai voulu mettre un peu de la Tordeuse impériale (ma bière préférée de La Souche, une black IPA à l’épinette à 9%) dans la Canardière. J’ai voulu métisser un peu de vie sauvage avec nos prétentions de grande civilisation. Antoine m’a encouragé en ce sens en y allant franchement avec une bonne dose de pousses d’épinettes et une bonne quantité de thé du Labrador, dont la feuille mature apporte des notes d’agrumes qui viennent balancer l’amertume de cette recette qui se permet un excès de saveurs.

En dégustant le produit final et en contemplant la magnifique étiquette conçue par Félix, c’est donc cette idée, celle d’une identité qui ne serait pas fondée sur notre simple consommation, mais plutôt sur l’origine de ce que nous consommons qui s’est cristallisée en moi. Cette idée, plus concrètement, c’est celle du terroir comme outil de mobilisation premier pour nous faire comprendre l’idée que c’est en goûtant au territoire, en apprenant à l’aimer au quotidien et pas seulement les jours de camping, que l’on va arriver à incarner cette envie de demeurer sur cette planète encore longtemps.

Visionner la capsule vidéo portant sur ce sujet en visitant le site de notre partenaire: Le Goût du territoire 

SANTÉ! 🍻

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