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La Gose Vie Sale - Édition laurentienne

23/05/2023

Écrit par Jean-Étienne Poirier, anthropologue/acériculteur et producteur de contenus

Lorsque l’équipe de la Souche m’a contacté à titre de cueilleur d’aromates sauvages pour brasser des idées autour du projet d’une édition plus locale de la Gose Vie Sale, l’intention de départ était d’y ajouter des saveurs forestières, des saveurs dont il est convenu depuis un bon moment d’associer à l’univers boréal. Cet univers qui s’étend tout autour du globe, là où les températures vont en deçà de -3c et dont le nom, lié à la nordicité, se conjugue dans le langage populaire avec ce qui caractérise plusieurs produits du terroir québécois. Le concept initial était donc de faire une Gose Vie Sale boréale.

 

Mais si la forêt boréale couvre la plus grande partie du territoire du Québec et du Canada, les forêts autour de La Souche n’en font pas partie. À Stoneham-et-Tewkesbury, nous sommes dans la forêt laurentienne humide. Des fleurs, des fougères, des épinettes rouges et des blanches – pas que de la noire – des grenouilles particulières et beaucoup de mammifères, des bouleaux jaunes et des érablières, bref toute une diversité du vivant qu’on ne retrouve pas au pays de la boréalie. C’est un détail qui a son importance pour le montagnard que je suis, bien installé avec les miens dans mon érablière sur les flancs des Laurentides. C’est un monde à l’image de La Souche, débordant de saveurs diversifiées, plus faste que la forêt boréale, ce monde pré-polaire qui se décline plus au nord dans la rustre taïga qui s’estompe dans les pierres et les lichens de la toundra. 

On pense aux Laurentides lorsqu’on évoque la région du nord de Montréal, mais ce sont toutes les montagnes qui défilent du haut de la métropole vers l’est, jusqu’à chez nous, qui portent ce nom. Les montagnes où l’on skie, où l’on grimpe et où l’on entaille les érables, à Stoneham-et-Tewkesbury, ce sont aussi les Laurentides. Le bouclier qui porte notre territoire est également laurentien, tout comme le fleuve bordant notre région plus au sud et où l’on peut se rendre en empruntant l’autoroute… laurentienne.

En fait, même nous, tous les habitants du Québec, avons déjà été envisagés comme étant un peuple laurentien dans le roman d’anticipation de Jules-Paul Tardivel (Pour la patrie, 1895) dont l’action se déroule dans un état distinct du Canada, dans le monde utopique de l’empire laurentien. La flore de cet univers où est installée La Souche Stoneham, c’est la majestueuse flore qu’a décrit le frère Marie-Victorin dans son ouvrage de botanique classique et indémodable intitulé Flore laurentienne. Une flore singulière et riche d’une biodiversité qui me surprend toujours et dont le nom, à mon humble avis, devait être associé à l’édition spéciale de la Gose Vie Sale. 

Je me suis permis de penser que ça pouvait être plus qu’une bière qui goûte notre territoire, mais un breuvage témoignant de notre identité, de l’utopie que portent encore les gens qui viennent habiter dans les montagnes autour de La Souche Stoneham en faisant le choix de s’entourer de nature.

Lorsque j’ai pris le temps de partager cette envie de précision à Jean-Christophe Bilodeau – responsable de la production à La Souche Stoneham – mon plaisir fut total en constatant son ouverture à cette idée, ce détail qui pour moi ferait toute la différence.

En prenant le temps de signifier jusque dans son nom que ce projet de bière était laurentien, et non pas boréal, Jean-Christophe assumait pleinement cette attitude qui fait de la Microbrasserie La Souche ce qu’elle est à mon avis : une équipe animée d’une soif d’authenticité et d’une sincère envie de s’ancrer dans le territoire où elle cultive son art de la bière. Une équipe consciente de son environnement et qui en est fière.

Santé les Laurentiens !

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